I - Définition diffusée dans une circulaire de la DGS ( Direction Générale de la Santé ) en 1988
Une infection nosocomiale = IN
C'est une infection contractée dans un établissement de santé :
- elle n'est ni présente ni en incubation à l'arrivé du patient et elle apparait après un delai de 48 heures d'hospitalisation ou de prise en charge ;
- elle est directement liée aux soins ou non .
En chirurgie , une infection du site opératoire est nosocomiale si elle apparaît dans le mois suivant l'intervention chirurgicale ou dans un an suivant la pose d'implant ou de prothèse .
Il peut aussi s'agir d'une infection acquise à l'hôpital et qui ne devient manifeste qu'après la sortie du patient .
L'IN peut également découler de tout acte de soins pratiqué en ambulatoire , en consultation ou à domicile .
Elle peut concerner le personnel soignant.
II - Les modes de contamination
La contamination est soit :
- ENDOGENE => à partir des propres germes du patient ;
- EXOGENE OU CROISEE => à partir de l'environnement du patient ( personnes ou surface inertes )
- INDIRECTE => par les germes de l'environnement ( eau, air, surfaces ,matériels )
- DIRECTE => par des germes présents sur les mains , voies respiratoires , sang ,tube digestif...des soignants, des autres patients ou visiteurs
III - Problème de santé publique :
Les IN sont reconnues comme un problèmes majeurs de santé publique de part leur fréquence , leur coût et leur gravité .
Une réglementation concernant l'hygiène existe depuis 1972 : elle a beaucoup évolué depuis et actuellement un programme de lutte est en cours .
Quelque chiffre qui parlent d'eux même
* Environ 7% des patients fréquentant un établissement de soin sont porteurs d'une infection nosocomiale .
* Environ 500 000 par an en France dont moins d'1% de décès ( 4000 personnes )
* D'après une enquête de prévalence :
- les infections urinaires sont les plus fréquentes ( 40% environ des cas , mais généralement peu graves ;
- viennent ensuite les infections broncho-pulmonaires ( environ 19%) ;
- puis les infections de la peau et des tissus ( environs 11%) ;
- les infections du site opératoire ( environs 10%) ;
- les septicémies ( environ 5%) ;
- les infections sur cathéter ( environ 3%);
- les autres infections (environ 12%);
- les autres types d'infections nosocomiales que l'on peut rencontrer sont des ostéites , endocardites , infections de la sphère ORL, les toxi-infections alimentaires...
Les service de soins les plus touchés sont décroissant : la réanimation , la chirurgie puis la médecine .
Les services à moindre risque sont la pédiatrie et la psychiatrie .
Les IN sont aussi plus fréquentes en moyen et long séjour qu'en court séjour .
Les germes les plus fréquemment rencontrés sont le staphylocoque doré et le pseudomonas
Coût et conséquences des infections nosocomiales :
En plus de la surmortalité qu'elle entraînent , elles augmentent la durée de séjour ( de 5 à 15 jours en moyenne ).
Pour la collectivité , le surcoût hospitalier est d'environ 700 à 1500 euros par patient infecté ( coût du séjour , antibiothérapie , soins divers ,examens....)
De plus , il existe un coût social qui est représenté par les soins extrahospitaliers à la sortie de l'hôpital ( rééducation, maison de repos , traitements complémentaires....et un coût humain et familial ( non repris du travail , invalidité , perte d'emploi ,dépression..)
De gros progrès ont été faits depuis plusieurs années dans la lutte concernant les IN, le nombre de patient atteints a diminué mais il ne faut surtout pas relâcher la vigilance .
La diminution de ces IN est donc un véritable défi de la santé publique .
IV - Causes et facteurs favorisants :
=> Liés à la situation médicale du patient :
- Son âge : les nouveau-nés , les prématurés, les personnes âgées sont plus sensibles aux infections ;
- Sa pathologie : les patients ayant des atteintes cutanées, les polytraumatisés , les brulés, les patients porteurs d'importantes escarres ou de grosses plaies... Les patients atteints de pathologies chroniques qui majorent les risques infectieux type diabète, insuffisance rénale, cardiaque, patients immunodéprimés , greffé ;
- Certains traitements qui diminuent la résistance aux infections : corticothérapie, chimiothérapie, traitements immunosuppresseurs ;
- Les patients porteurs de prothèses ou d'implants (corps étrangers) sont plus sujets aux infections ;
- Patient dénutris ;
- Patients tabagiques ;
- Patients obèses en chirurgie.
=> Liés aux germes en cause et aux techniques de soins :
- Grande concentration de microbes dans un établissement de soins et surtout à l'hôpital : cette flore microbiennes hospitalière est pathogène ;
- Résistance des bactéries aux antibiotiques , en net progression en France ;
- Techniques de soins et actes invasifs nécessaires au traitement du patient . Ce sont des agressions de la barrière cutanée protectrice : cathéter , sonde à demeure , sonde naso-gastrique, ventilation artificielle, alimentation parentérale, examens invasifs type ponction d'organe , drainage , chirurgie .
=> Liés à une insuffisance dans l'organisation :
- Méconnaissance des problèmes infectieux nosocomiaux et manque de formation du personnel en matière de prévention ;
- Personnel soignant en nombre insuffisant et surmené ;
- Non respect des règles d'hygiène hospitalière :
* une mauvaise stérilisation du matériel ;
* une mauvaise désinfection des locaux ;
* un mauvais isolement des patients infectés ;
* un hygiène des mains défectueuse ;
* un manque d'asepsie dans les soins ;
* un mauvais usage des produits ;
* des locaux inadaptés sans circuit propre et sale .